Dans la continuité de notre dernier article sur la liberté d’expression, je vous fais part de l’écrit à ce sujet de monsieur Gérard Tommasini.
LA LIBERTE D’EXPRESSION
S’il y a bien un sujet qui revient dans de multiples conversations et articles ou émissions, c’est bien celui-là, jusqu’à soulever bien des conflits. Surtout à l’occasion de la diffusion des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, et des reprises dans de nombreux médias, et jusque dans l’Education Nationale : le drame de l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty en étant la dernière manifestation tragique et ignoble.
Sont sous-jacents dans ce débat, quatre sujets que je vais essayer de détailler :
- La Justice, le droit
- L’école
- La famille
- Les religions, l’islam
Ils m’ont paru être centraux dans le sujet traité. Si d’autres vous apparaissent aussi fondamentaux, faites-le moi savoir. Je terminerai par une conclusion, non pas consensuelle, mais qui ouvre la voie à une discussion.
LA LIBERTE D’EXPRESSION
Liberté fondamentale, elle est considérée parfois comme l’absolu et nous la mettons parfois au dessus de tous les autres principes républicains ; comme si c’était de son exercice que dépendaient ou découlaient toutes les autres libertés ! Or ce n’est pas un absolu, car elle bute forcément sur l’existence et le respect des autres : autrement dit son interprétation ou son extension ne doit pas représenter un danger pour les autres libertés ni constituer pour elles une atteinte encore pire.
Par exemple, on ne dit pas à nos proches ou amis, ou à nos interlocuteurs (même si on les considère comme idiots) tout ce que l’on pense d’eux au risque d’entraîner des conflits permanents.
Admettons que dans ce domaine comme dans tant d’autres, nous sommes influencés par notre environnement (Médias, Web,…) qui n’est d’ailleurs pas à une contradiction près. On brandit l’étendard de la liberté d’expression de façon autoritaire, ce qui est un comble pour une liberté ! Et il y a des contradictions terribles dans la réaction collective au terrorisme : on descend dans la rue au nom de la liberté d’expression et pour la défendre, et d’un même élan, on approuve (c’était il y a plus d’un an). Les islamo-gauchistes de tout poil et les lobbys du Web, qui critiquent à l’époque une proposition de loi prévoyant une surveillance accrue des réseaux sociaux, et qui se trouvent confortés par le Conseil Constitutionnel qui retoque la loi. Ils ont bonne mine maintenant ces militants de la liberté et nos Sages qui s’apprêtent aujourd’hui, dans le contexte dangereux que nous vivons, à approuver cette loi dans à peu près les mêmes termes !
Autre exemple: les caricatures de Mahomet et leurs auteurs sont loués et encensés et parallèlement, le dessinateur de « l’Humanité » qui montre la Nana de Julian Alaphilippe, nue, au pied de son chéri dans une position ambiguë, est viré sous la pression des féministes (Me Too) !
Réactions à géométrie variable !!
LE DROIT, LA JUSTICE
Que dit donc notre droit à propos de cette liberté d’expression ?
Ce droit chez nous, c’est le Code Pénal, chargé à la fois de défendre cette liberté et parallèlement de l’encadrer, mais seulement après le coup parti ; la presse, évidemment n’échappe pas à cette règle et il arrive à des journalistes ou à des caricaturistes d’être poursuivis : ils sont alors en droit d’invoquer ce que les juristes appellent « la bonne foi journalistique » : je cite alors une juriste (Ch. Delsol) : « en jurisprudence cette bonne foi répond à 4 critères :
- La légitimité du but poursuivi
- L’absence d’animosité personnelle
- La prudence et la mesure dans l’expression
- La qualité de l’enquête »
Le but de faire rire ne fait pas partie de ces critères mais on peut quand même transposer sans problème.
On voit donc la difficulté d’apprécier un écrit ou un dessin-surtout s’il y a des victimes-à la lumière de ces critères qui laissent une part non négligeable à l’appréciation d’un juge ou d’un avocat.
L’ECOLE
On voit bien combien l’Ecole -avec la famille- peut et doit être un lieu où on enseigne et où on fait réfléchir un enfant ou un ado sur la liberté d’expression ; encore faut-il que les enseignants soient bien formés pour le faire. Ce qui est loin d’être le cas car il faut du temps : il existe certes des formations, assez courtes, mais il faut reconnaître que, au delà de la formation, ce qui est demandé aux professeurs relève à la fois de l’enseignement mais aussi de la psychologie, de la prudence, de la délicatesse, etc. C’est souvent très difficile, surtout devant un public divers.
En fait -mais c’est une opinion personnelle donc discutable- l’Education Nationale est un gros « machin »quasi incapable de travailler sur des minorités : je prends l’exemple des jeunes en difficulté (scolaire, sociale …) : le système actuel les laisse de côté ou les rejette ou… les envoie (plusieurs milliers par an) chez les « Apprentis d’Auteuil » qui les réinsère à 90% dans la société ! Quel aveu d’impuissance !
Et quand on lit les propos de I. Roder, professeur dans un collège de St Denis et membre du Conseil des Sages sur la laïcité, il n’y a pas de quoi s’étonner : « L’Ecole n’a pas à tenir compte des sensibilités, des susceptibilités des uns et des autres : la laïcité leur offre la possibilité de se dégager de leurs déterminismes familiaux, culturels ou religieux. Elle permet à chacun de se construire individuellement, en s’ouvrant au monde à partir de ce qui est enseigné à l’école. »
Au nom de la laïcité, exit donc la famille (je traiterai ces sujets dans les prochains paragraphes) dont le rôle de co-éducation avait toujours été reconnu, sous prétexte qu’il y a démission de certains. Or qu’on le veuille ou non, le parcours d’un jeune (tous les psys le disent) se construit avec ses parents ou avec sa sphère familiale même si elle est bancale. Pour en revenir aux caricatures, les regarder de manière objective nécessite un double effort : accepter l’altérité c’est à dire que certains rient de quelque chose dont soi-même on ne rit pas, mais aussi l’effort (ou la capacité) d’entrer dans le second degré. Or ces capacités ne sont pas évidentes, même pour des adultes, à fortiori au collège avec des ados qui vont s’en tenir souvent à ce qu’ils voient et se croire insultés.
LA FAMILLE
Il faut réaffirmer partout, y compris devant l’Education Nationale et les enseignants, le RÔLE EDUCATIF DES PARENTS.
« Les parents sont les premiers éducateurs de leur enfant. Toutefois ils sont parfois démunis, confrontés à des problèmes qui les dépassent. Les Apprentis d’Auteuil, très ancienne fondation reconnue d’utilité publique, éduquent et forme plus de 13 000 jeunes en difficulté pour leur permettre de s’insérer dans la société tout en accompagnant les familles dans leur mission éducative. Elle a élaboré une Charte de la coéducation qui fait des familles de véritables partenaires dont la parole doit être respectée et prise en compte. ». Sans entrer dans le détail, elle consiste à « écouter et épauler les parents désemparés (c’est un vrai travail de professionnels), à soutenir les parents démunis face à leurs responsabilités, par exemple en créant des« Maisons des Parents ».
Utopie que tout cela ? Certes les 13 000 jeunes accueillis et réinsérés avec succès ne représentent qu’un peu moins de 10% des décrocheurs; mais ça marche, à tel point que l’Education Nationale, se débarrasse d’eux en les confiant aux Apprentis d’Auteuil. La méthode est donc au point et elle ne demande qu’à être dupliquée.
Aider l’enfant à grandir, c’est aussi l’aider à accepter son histoire. La famille reste, pour la très grande majorité des jeunes, un repère et un « cocon » (même imparfait) où l’on fait l’expérience de la vie en société.
L’exemple donné concerne les familles en difficulté ; il est évidemment valable pour les autres et Marcel RUFO l’a abondamment illustré et développé. On est loin des vérités définitives qu’I. RODER voudrait faire passer de manière autoritaire par l’école !
LA LAÏCITE
Que ne dit-on pas en son nom ! Au besoin en en tordant le sens ou en estimant qu’elle doit évoluer !
J’entendais donc il y a quelques jours une amie évoquer longuement ce principe pour défendre les caricatures de Mahomet.La loi de 1905,de séparation de l’Eglise et de l’Etat ,fut aussi une loi d’apaisement ,voulue par Jaurès et Gambetta et défendue comme telle par de nombreux théoriciens de la laïcité comme Pierre Kahn, J. Baubérot et l’Observatoire de la laïcité.
Pour eux, la laïcité est un principe de justice et non de bien (ou de mal). « La laïcité n’est pas une valeur d’ordre éthique ou morale, porteuse d’une conception de la vie bonne ou d’une quelconque philosophie, fut-elle des Lumières ! Elle est un moyen nécessaire, d’abord en vue d’une fin qui est la liberté des consciences, de croire ou de ne pas croire. » Et la laïcité c’est justement le droit de croire ou de ne pas croire, sans pression, pour vivre en paix, ensemble. Elle fait une distinction entre le droit et la morale. Ensuite elle suppose la neutralité de l’Etat avec des religions qui ne sont pas au dessus des lois civiles.Dans notre cas de la liberté d’expression, il s’agit donc de se conformer au droit (voir plus haut). Ce n’est pas, comme le disait RODER, « de se dégager des déterminismes familiaux, culturels et religieux par l’école », car ce serait recréer un nouveau déterminisme par l’école.
Je souscris d’autant plus à cette conception qu’elle m’a valu, dans une causerie sur ce sujet où je détaillais cette conception d’une laïcité non anti-religieuse, l’opposition vigoureuse de certains catholiques conservateurs. Je revendique donc d’être laïque et catho !
Je note pour terminer que le principe de laïcité, d’Etat laïque, n’a été adopté, à ma connaissance, que par la France. Le seul précédent que je connaisse, mais qui n’a duré que quelques années, c’est l’Etat laïque turc de Mustapha Kemal Atatürk (quel abîme avec celui d’Erdogan !). Encore était-il dictatorial Je ne parle évidemment pas des Etats soviétiques athées avec des dictatures, fussent-elles en paroles, celles du peuple. Il faut donc manier ce principe avec délicatesse, surtout quand on s’adresse à des ressortissants d’autres pays ou d’autres cultures.
LES RELIGIONS, L’ISLAM
L’histoire nous montre que « les extrémismes religieux ont produit dans le monde, en Occident comme en Orient, les signaux d’une sorte de troisième guerre mondiale par morceaux » (Imam Al Azhar, Pape François).
Dans la société française, le religieux revient sur le devant de la scène sous la forme problématique de l’intégrisme et de la violence. Laissons de côté l’intégrisme ; voyons plutôt le terrible symbolisme qui rapproche étrangement les derniers attentats de Conflans-Sainte- Honorine et de Nice : « Ils concernent deux institutions qui se sont longtemps affrontées. Aujourd’hui, elles figurent parmi les premiers objectifs d’une offensive internationale islamiste radicale menés par des soldats fanatisés. Ces cibles n’ont sûrement pas été choisies au hasard : le christianisme est au cœur de l’histoire de France, l’école est la clé de voûte de la République. » Ph. Escande, le Monde 1/11/2020
J’évoque LES religions mais en ce qui concerne notre sujet, c’est surtout l’Islam, ou l’Islamisme radical; ou les deux, qui posent problème.Encore qu’on a entendu des représentants de toutes les religions s’exprimer et dire avoir été choqués par les caricatures. Mais reconnaissons que seuls les islamistes vont jusqu’à tuer et égorger de manière ignoble, et en plus au nom d’un Dieu !
Nous avons donc eu droit à une protestation mesurée des musulmans -j’allais dire ordinaires-, à une levée de boucliers de certains pays arabes, au moins de leurs minorités agissantes, et enfin à une série sanglante déclenchée par des individus qui se sont proclamés défenseurs du prophète et ont tué et égorgé. Je note d’abord que les musulmans ont plus de liberté(s) en France, notamment de conscience, que dans leurs pays d’origine ; et ils s’expriment donc chez nous comme ils veulent dans le cadre de la loi. Les djihadistes (voir mon papier de 2016 intitulé « Les Immigrés en Europe. les djihadistes »), ont un profil tel (-psychopathes, délinquants, fous de Dieu…) qu’ils relèvent du droit le plus sévère et de la mobilisation générale (Etat, Renseignement renforcé, vigilance citoyenne…) pour identifier -en amont-toutes les personnes qui, par des signaux faibles, peuvent être des bombes à retardement .Mais les Musulmans de base et la relève que constituent leurs enfants et petits enfants dans les écoles, faut-il considérer leurs réactions à se croire insultés comme nulle et non-avenue ? : ce serait nier leur droit élémentaire d’expression quand il se situe dans le cadre de la loi !
Pourtant, je ne peux m’empêcher de constater que tous ces fous criminels se réclament de l’Islam ! Comment a-t-il pu héberger en son sein de tels monstres ; j’ai heureusement entendu un jour un imam dire : « Pourquoi c’est toujours nous les musulmans qui faisons ces actes immondes » ? Ceci étant faut-il généraliser ? Faut-il considérer les réactions choquées des musulmans, compris enfants et petits enfants dans les écoles, comme manifestation d’ignorance ? Certainement pas.
CONCLUSION
Quand on tire le fil des tenants et aboutissants de la liberté d’expression, on est effrayé par sa grande complexité ; paradoxalement, ce papier était à l’origine d’abord destiné à me remettre les idées à l’endroit pour pouvoir conclure sur un « oui ou non » à la question ; les dessins de Charlie sont-ils une manifestation comme une autre, de cette liberté d’expression ? La conclusion n’est pas si simple.
On a vu qu’en droit de la presse (code pénal) l’exception d’humour s’exerce dans des conditions encadrées. Ensuite les caricatures nécessitent un double effort intellectuel : accepter l’altérité, c’est à dire que certains rient de quelque chose dont on ne rit pas forcément soi-même, mais aussi entrer dans le second degré. Or la satire, la caricature ne sont pas faciles à partager.
Enfin nous sommes les seuls au monde, nous français, à avoir cette culture de la laïcité et de la liberté de tout dire ou presque : ceci doit nous inciter à la modestie plutôt qu’à l’arrogance. Attention de ne pas faire de la laïcité un mode de vie.
Dans ces conditions, faut-il se coucher, s’abstenir, se censurer, ou bien rentrer dans le tas, pieds en avant ?Tout ce papier montre, il me semble, qu’il ne faut pas démissionner mais qu’il ne faut pas non plus y aller franco avec l’assurance d’être dans le vrai absolu.Il faut dire les choses, mais il faut savoir les dire (voir l’Education Nationale). Il faut le faire avec beaucoup de délicatesse surtout pour les jeunes ados, avec une bonne préparation ; cela prend du temps de faire réfléchir les interlocuteurs. Ca ne sert à rien d’asséner des principes pour se prendre le mur ! Aujourd’hui on demande aux gens de se positionner de façon très binaire : soit les caricatures doivent être diffusées, soit on est mou et complices des terroristes. D’ailleurs s’il y a bien un endroit où on doit enseigner la nuance, c’est bien l’école.
Dito pour la presse, mais on voit que c’est plus délicat car on n’a pas le temps surtout dans la presse audio. Par contre, à coup sûr, il est catastrophique de projeter les caricatures sur des murs de la ville comme on l’a fait à Lyon alors que la plupart des spectateurs les regardent au premier degré et que, pour certains, c’est un sujet de discorde qu’on ne peut aborder furtivement au coin d’une rue.
tres vaste sujet mais ô combien préoccupant et traumatisant mais impossible à maitriser avec qques bonnes intentions idéologiques et humanitaires ce d’autant que les origines échappent à nos raisonnement et lois « occidentaux » et que les auteurs sont des hors-la- loi islamistes deshumanisés
très bon papier , Marie- Pâques
je suis bien d’accord avec ta conclusion et vivent les nuances
le monde est monde depuis des temps reculés des controverses entre les hommes ont existés pour tous motifs.. chacun voyant midi a sa porte et les et les doctrines exacerbes ne font que envenimer les choses autrement… les plus faible a être convaincu de l’idéologie.. même dans les familles des tension s vont naitre a tous propos. que la journée soit agréable a nize et ailleurs
Etienne EIMER: Merci, frère pour ta clairvoyance inspirée et la force de tes convictions. D’accord avec toi.
Caricatures : j’ai surtout voté leur laideur, leur stupidité vues les circonstances, leur provocation haineuse: pour ces raisons, elles m’ont aussi « offensé ».
Presse : bien trop souvent caressant la « doxa » dans le sens du poil, elle cherche surtout à faire du chiffre ( d’affaires ).
Légalité : il n’est pas possible de faire une loi contre la bêtise, hélas. Il n’y a guère, un député belge voulait, le plus sérieusement du monde, faire interdire les histoires belges par la Cour Européenne…
Je me permets de répondre à votre lettre n°43.
J’ai eu accès à cette lettre en tant que membre du bureau de l’association La Maison Jaune. Je ne fais pas partie des compagnons du Sens.
Vous avez fait l’apologie de l’art de la nuance tout au long de votre texte et je suis bien d’accord avec vous quant à l’utilisation indispensable que doit en avoir tout citoyen dans ses propos : « Il faut dire les choses, mais il faut savoir les dire. »
Malheureusement que ce soit dans l’un ou l’autre des thèmes que vous avez abordés, je vois très peu l’application de ce principe.
S’il est indéniable que vous avez tenté de « nuancer » votre conclusion, il n’en a pas été de même sur chacun des chapitres et en particulier celui de l’école.
Je ne soulèverai pas tous les points de désaccord que j’ai avec vos propos, mais en tant qu’enseignante à la retraite, je ne peux laisser accuser l’école de tous les maux.
L’Education Nationale n’est pas « un gros machin » : c’est une institution, certes très importante et bien évidemment imparfaite, mais qui permet un enseignement gratuit et obligatoire basé sur des programmes nationaux, ce qui entraîne une égalité des enseignements.
Après avoir enseigné aux USA, où l’enseignement privé est favorisé et où on entasse les enfants de milieux défavorisés dans les classes surchargées du public, je n’opterai jamais pour un démantèlement de notre « gros machin ». Là où les parents financent l’enseignement, ils veulent le pouvoir d’intercéder. Il ne s’agit pas de participation à l’école, il s’agit d’interventionnisme. (ex : J’ai été contrainte de changer la note d’un élève sous la pression qu’ont exercé ses parents sur la directrice de cet établissement de Washington.)
En France, il est faux de dire que « exit la famille ». D’une part les parents sont invités à participer à tous les événements festifs, sont électeurs et élus des instances administratives internes. D’autre part nous sommes capables «de travailler sur des minorités ». Dès les premières difficultés rencontrées en maternelle, nous réunissons parents, professionnels de la santé (psychologue, médecin scolaire, médecins spécialisés), assistant(e) social(e) et enseignants pour entamer un suivi : c’est ce que nous appelons des « équipes éducatives ».
Il existe aussi « l’école des parents » où se réunissent et discutent les parents sur un thème qu’ils ont choisi.
La « parole des parents est respectée et prise en compte ».
Les Apprentis d’Auteuil scolarisent « 13 000 jeunes en difficulté » dites-vous. Je félicite cette fondation reconnue d’utilité publique, mais sur 12,4 millions d’élèves, vous reconnaitrez que l’Education Nationale poursuit donc ses efforts auprès de millions d’autres jeunes en difficulté.
Quant à la phrase que vous citez du professeur Roder et que vous désapprouvez : « L’école n’a pas à tenir compte des sensibilités, des susceptibilités des uns et des autres : la laïcité leur offre la possibilité de se dégager de leurs déterminismes familiaux, culturels et religieux. Elle permet à chacun de se construire individuellement, en s’ouvrant au monde à partir de ce qui est enseigné à l’école. »
C’est l’application du 3ème principe de la loi sur la laïcité : séparation des institutions publiques et des organisations religieuses.
Quand un enseignant ou un élève franchit la porte d’un établissement public français, il laisse à l’extérieur sa sensibilité et sa susceptibilité religieuses, les habitudes familiales et culturelles qui peuvent en découler. Bien entendu, l’école tient compte de l’environnement familial de l’élève– problèmes sociaux, famille éclatée, famille mono parentale,…- mais elle ne peut pas prendre en compte les convictions religieuses de l’enfant. A l’école, l’enfant construira sa propre identité, qu’il complètera à l’extérieur, s’il le souhaite, par une appartenance religieuse.
La famille n’est pas exclue « au nom de la laïcité ». Ce sont les rites des croyances de cette famille qui n’y sont pas admises.
Je souligne cependant que le fait religieux est enseigné à l’école et en particulier l’histoire des trois principales religions monothéistes. (Par ailleurs, s’il est mis actuellement l’accent sur les dérives extrémistes abominables de l’Islam qui me font horreur, faut-il rappeler les massacres perpétrés au nom de la chrétienté par le passé ? J’en déplore dans les deux cas l’inhumanité.)
Peut-être suis-je moi-même peu encline à nuancer mes propos sur « l’école » à qui j’ai donné toute mon énergie et ma passion. Notre école n’est pas parfaite bien sûr et chaque enseignant a des idées sur les évolutions à apporter.
J’ai aimé mon métier parce que j’étais libre d’organiser mes actions et mes propos, mais au sein d’un cadre bien défini – programmes et principes de laïcité.
J’espère que je vous aurai apporté quelques « nuances » quant à votre jugement sur l’Education Nationale.
Délicatesse…
Oui, ce serait bien. Mais quand les victimes ensanglantées hurlent de douleur au milieu des manifs ou des attentats, la délicatesse n’existe plus. Insulter pour le plaisir un ou deux milliard d’habitants de notre planète est complètement insensé. Il faut arrêter ça. Quand la raison ne suffit pas, la loi devrait la remplacer. Hélas, notre pauvre France, en pleine décrépitude, a elle aussi perdu la raison.
Tristesse…