Nous sommes, en France, attachés tout particulièrement à la liberté d’expression et c’est une très bonne chose mais à mon sens, elle doit être orientée toujours vers un mieux vivre ensemble.
Rappelons que le droit au blasphème est un droit et il est commun d’entendre que l’on peut « rire de tout ». Toutefois, je pense que l’on peut rire de beaucoup de choses mais pas de tout…
Effectivement, on peut à mon sens comprendre facilement que « rire de tout » peut blesser certaines personnes et non seulement les blesser mais les inciter à suivre des chemins de violence et par conséquent abîmer fortement le vivre ensemble.
Quand je comprends cela au nom du respect de l’adversaire voire de l’ennemi, alors je choisis de ne pas « rire de tout. »… même si la loi me le permet.
Il me semble que l’actualité me donne raison.
Le Président Macron a montré une grande fermeté pour lutter contre la violence terroriste et défendre la liberté d’expression… Néanmoins, à mon sens, la formule « nous continuerons les caricatures » est bien mal choisie car elle a fait rejaillir des propos inadmissibles et un appel à la violence inouï. La même chose avec les publications de Charlie Hebdo.
Je ne suis pas naïf. Nos ennemis trouveront des arguments en faveur de leur idéologie et faute d’arguments, ils feront appel à la violence et la culture de la peur pour parvenir à leur fin mortifère.
« Le devoir de la fraternité impose à tous de renoncer à certains droits. » Tel que Mohammed MOUSSAOUI, président du Conseil français du culte musulman, a plaidé mardi 27 octobre dans un entretien sur France-info qu’il «ne souhaite pas» que les caricatures de Mahomet soient exposées à nouveau dans les écoles pour apaiser les tensions. Voilà quelque chose que je partage.
La tradition Chrétienne nous apprend au moins deux choses et même une troisième :
La première : Une lutte implacable contre le mal sous toutes ses formes, à commencer par celui qui habite dans notre cœur. Cela se traduit par un engagement en faveur de la paix et de la justice, également le développement durable et intégral pour toute personne.
La seconde : Le respect de toute personne quelle qu’elle soit car nous partageons la même nature humaine et nous croyons que nous sommes faits à l’image de Dieu.
Et la troisième : Le respect de l’autre est une très bonne chose. Toutefois, l’amour de l’autre, quand il devient notre ennemi, autrement dit celui qui veut et cherche à nous détruire, va bien plus loin que le respect. En effet, le respect, même s’il nous engage fortement à accepter l’autre dans sa différence, surtout quand il nous dérange et plus encore, quand il ne favorise ni le bien commun ni le vivre ensemble, est bien en deçà de l’amour de celui qui nous veut du mal.
Le respect nous tient à distance de l’autre alors que l’amour nous rapproche de l’autre pour vouloir son bien… et en l’occurrence sortir de son idéologie qui cautionne la violence et le meurtre.
Je pense aussi à GANDHI, qui je crois, a été dans cette même dynamique.
Pour illustrer, voici un article que j’ai trouvé et que je vous fais partager.
« GANDHI exposa bien ses principes aux postulants à l’Ashram qu’il avait créé à Ahmedabad. »
« Il leur dit que la loi de la non-violence ne se résume pas au fait de s’abstenir de tuer, ainsi qu’on l’entend généralement.
Pour lui, il s’agit aussi de cesser d’avoir des ennemis et même d’aimer ceux qui nous veulent du mal tout en ne pas tolérant que du mal leur soit fait.
L’Ahimsa se change ici en amour et c’est GANDHI lui-même qui traduit ainsi le terme.
Il est conscient qu’il s’agit d’une exigence très élevée et il parle même d’un idéal qui ne peut être appliqué à la perfection.
Autrement dit, il n’ignore pas les faiblesses de la nature humaine : Bien au contraire, il affirme même que cette injonction d’aimer son ennemi – règle d’or du christianisme – est l’un des idéaux les plus difficiles à observer.
Il croit cependant à la contagion de l’amour : En semant, la haine, on récolte la haine alors que l’amour appelle l’amour et il voit donc dans la non-violence la solution aux problèmes de société.
De même, dans les techniques de lutte qu’il a beaucoup discutées, il met en exergue la fermeté, certes, mais aussi le compromis, la persuasion et la discussion.
Les acteurs devaient surtout promettre de ne pas user de la violence sous quelle que forme que ce fût : pas de crachat, pas d’insulte, pas de paroles blessantes, pas d’acte déshonorant comme brûler un drapeau, pas d’obstruction du trafic…
On ne peut combattre le mal que par l’exemple du bien. Il s’agit là d’un précepte philosophicoreligieux car, selon Gandhi, la religion s’entend moins comme un ensemble de croyances que comme mode de vie, c’est-à-dire une morale. »
Pour lire le texte intégral, cliquez ici
Je voudrais aussi évoquer nos engagements à venir en tant que personne et citoyen.
Fort de cela, nous avons à nous engager à poursuivre une lutte implacable contre le mal sous toutes ses formes et tout particulièrement contre le fanatisme terroriste qui se revendique de l’Islam.
C’est à chacun de nous d’être vigilant et de le rester. Également, d’être acteur de par la fonction que nous occupons dans la société.
De fait, nous avons les armes de l’intelligence pour comprendre les situations en sortant des idéologies de toute sorte, de trouver les solutions les plus adaptées, de s’engager en prenant la lutte sous la bannière de l’amour et tout particulièrement la lutte contre nos ennemis.
Par ailleurs, chacun de nous doit accepter de supporter l’injustice, la calomnie, la critique sinon nous risquons un repli sur soi et par la même risquons de rester dans une posture de victime : victime de laïcité phobie, islamophobie, christianophobie…
Je ne nie pas ces problématiques existantes. Bien au contraire, je veux dire que nous avons à dépasser le statut de victime pour engager le bon combat en prenant de la hauteur sur ces situations.
Je n’encourage pas non plus l’humiliation et le mépris de l’autre ; ce qui malgré notre bonne volonté peut hélas exister.
Je ne cautionne pas du tout l’appel à la violence et au crime qui doivent être punis.
J’ai conscience que ces quelques lignes mériteraient bien des débats et ajustements …
Comme le disait Rabelais : «Le rire est le propre de l’homme». Néanmoins, pouvons-nous rire de tout ?
Le débat fait rage et réapparaît régulièrement dans l’actualité.
D’ailleurs, je veux moi-aussi, susciter la réflexion sur le fait de dire « pouvons-nous rire de tout ?»
J’invite chacun de nous à la non-violence qui implique le respect de l’autre et amour de l’ennemi.
Et de la part de l’état à la fermeté quand le vivre ensemble est menacé par toutes formes d’idéologies funestes.
C’est à l’Etat français républicain de prendre sa part avec l’arsenal sécuritaire, juridique, diplomatique dont il dispose et il convient d’utiliser tous ces moyens pour lutter…
Je me souviens il y a quelques années de cela, un de mes amis musulmans me disait à ce propos : «Ce fanatisme religieux est sorti de l’Islam, c’est à nous de le combattre d’abord, de faire le ménage chez nous… ». Cette remarque, à mon sens, est juste.
Effectivement, la communauté musulmane se doit d’être des artisans de paix.
Paix et joie pour tous.
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Il est parfois difficile de réciter le Notre Père! Germain
Ainsi faire des caricatures serait un acte de violence et justifierait attentats et crimes monstrueux commis pour « venger le prophète » . Et pourquoi pas rallumer les buchers pour éliminer les impies? Toutes les religions ont commis des horreurs au nom de nom de Dieu ou d’Allah ou autres… et avoir le droit de se moquer d’elles permet de les désarmer. Je me suis abonnée à Charlie hebdo il y a 5 ans pour soutenir leur cause et me suis réabonnée par affinité. C’est un excellent hebdomadaire ayant une analyse très lucide sur l’actualité et les religions. Le Christ n’aurait jamais approuver l’inquisition, l’oppression des pauvres au profit des riches, les procès pour hérésie, les abus sur les enfants. Mais j’aime à croire qu’il se serait lui aussi abonné à Charlie. Il nous a enseigné l’amour et non la haine si présent chez les intégristes de tout bord !
Bonjour,
Merci pour votre long commentaire .
Je crois avoir écrit plusieurs fois que rien ne peux cautionner la violence et encore moins les crimes quels qu’ils soient.
La liberté d’expression et le droit au blasphème sont inscrits dans la loi, ce que je veux dire c’est que personnellement je n’emploie pas la même stratégie que celle des caricatures en l’occurrence celle de Charlie pour lutter contre l’intégrisme.
Je n’encourage pas non plus au nom de la liberté d’expression d’humilier qui que ce soit… même si dans le cas de Charlie ou autre on peut voir juste sur une situation que nous devons dénoncer.
Je ne cautionne en aucun cas les crimes commis au nom de la religion en général et de la religion chrétienne en particulier… ni ceux de la Révolution Française qui à tué de nombreux citoyens…
Vous avez raison le Christ à lutté à sa façon contre les injustices, la haine, le mépris de la personne humaine et les intégristes religieux de son époque qui hélas se reproduisent toujours trop dans l’histoire humaine.
Merci encore pour votre commentaire.
Paix et joie
Frère Marie Pâques
Bonjour Burgun
Oui ces caricatures provoquent d’inacceptables violences.
D’abord dans les pays musulmans où leur diffusion mondiale a provoqué la mort de dizaines de manifestants en colère. Voire de centaines d’après le Jyllands-Postem, le journal danois qui les a publiées en premier. Depuis le Jyllands-Postem a décidé de ne plus jamais les republier: « Aucun dessin ne vaut une vie humaine » (cf Figaro du 15/9/20). Ensuite des dizaines de morts et de blessés en Occident avec tous les terribles attentats terroristes et sanglants que les victimes subissent à cause d’elles depuis des années.
Non ces caricatures ne justifient aucune de ces violences, ni chez nous, ni chez les musulmans.
Mais hélas tous ces morts et tous ces blessés sont bien réels. Refuser d’en tenir compte est criminel. En 2005 le Jyllands-Postem n’imaginait peut-être pas les terribles effets de la diffusion de ses caricatures. Mais aujourd’hui, 15 ans après, personne ne peut dire « Je ne savais pas ». Republier ces carricatures est criminel. En aucun cas la liberté d’expression d’une poignée d’influenceurs ne peut justifier toutes ces violences. Toute liberté s’arrête là où commencent celles des autres.
Cordialement,
domnin.
Bonsoir,
Je partage sans réserve votre opinion, ainsi que de nombreux chrétiens, et notamment des responsables comme l’évêque de Nice malgré les attentats.
J’ai vu la dernière caricature qui s’attaquait à Erdogan, elle aurait pu avoir la même force tout en épargnant le prophète. Il s’agit là d’utiliser une liberté d’expression uniquement pour affirmer un droit, de façon irresponsable, sans égard pour les conséquences que cela peut entrainer.
Nous devons combattre sans laxisme l’Islam politique, sans pour autant toucher à certains symboles qui seraient de nature à choquer les musulmans qui vivent un Islam religieux dans un esprit de paix et de rencontre avec les autres.
Je suis né en Tunisie, j’y ai vécu 17 ans, dont 2 après l’indépendance. Dès ma naissance, quel que soit le lieu où je me trouvais, j’ai toujours eu un musulman d’un coté et un juif de l’autre. Et quand s’agissait d’un autre ce pouvait être un Maltais, un orthodoxe, un protestant. etc. …
Grandissant ensembles nous apprenions à n’utiliser dans nos échanges que ce qui nous permettait de vivre ensembles.
Les chrétiens doivent agir, je suis désolé que ce détail ait pu échapper à notre Président.
Paix et joie
très bonne lettre , Marie- Pâques
un défi : aimer un ennemi fanatique et écervelé qui tue par pseudo – idéologie
Ne pas réagir sur le même registre sans être naïfs et en anticipant le prochain coup
Stan
Cette lettre est pleine de bonnes intentions ce qui est louable et très chrétien au demeurant, mais elle recèle des inexactitudes et même des contradictions qui appellent quelques remarques:
-La satire (écrite ou dessinée) est dans notre pays une liberté essentielle qui honore notre pays et le distingue de beaucoup d’autres. Cette liberté est irréductible.
Toute limitation équivaudrait en effet à une censure, au renoncement à un droit fondamental de notre pays, sans parler de la soumission honteuse aux intégristes islamistes
-Ceux, en France ou ailleurs qui seraient « blessés » par tel ou tel dessin peuvent toujours choisir de répliquer par les voies légales; ils peuvent (à supposer qu’ils aient un minimum de sens de l’humour) rester indifférents; ils peuvent aussi , très simplement, se dispenser d’ouvrir le journal satirique en question (qu’ils ont parfaitement le droit de ne pas apprécier).
Mais en tout état de cause les caricatures qui les dérangent tant ne sauraient justifier qu’on impose une quelconque censure, et surtout elles ne sauraient justifier la violence.
En moquant les travers de telle ou telle religion, fût-ce de façon caricaturale, le journal Hara Kiri n’appelle nullement à la haine, contrairement à ses détracteurs extrémistes
Ce journal n’a tué personne; ses détracteurs, eux, ont tué !
Comment puis-je, dans ces conditions, imaginer un seul instant fraterniser avec ces assassins ? et plus encore, les aimer ? Et d’ailleurs qui le pourrait, sincèrement parlant ?
Le mal que je combats, c’est d’abord celui de ces fanatiques qui tuent au nom de leur dieu.
Et vous ne dites pas autre chose quand vous exhortez à une « lutte implacable contre le fanatisme qui se revendique de l’islam ».
N’est-il pas vrai ?
PS
Lettre bien pertinente ! Je suis bien d’accord avec cela ! Je rajouterai qu’il ne faut pas non seulement ne pas encourager le radicalisme musulman mais également partout, dans toutes les religions et les milieux athées ! Bien fraternellement, Etienne
Rire de tout ? Certainement pas. Il ne faut blesser personne, ni provoquer de troubles dans les esprits ou dans la vie en société.
La violence découle des véritables abus de permissivité tout autant que les violences sanguinaires qui en résultent ont tous et toutes la même origine : LE MAL.
Mais est-ce la poule qui a fait l’oeuf ou l’oeuf qui a fair la poule ? Le Mal est inhérent à notre nature humaine, tant matérielle que spirituelle. Il semble humainement invincible, si j’en crois les séquelles mémorisées dans mes neurones héritées de mas ancêtres cathares.
Matthieu V, 38-42 » Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend la gauche ».S’il s’agit d’une simple gifle, passe encore. Mais si l’agresseur brandit un sabre sanglant, stop. Cela demande réflexion.Tendre le bâton pour se faire battre est stupide, n’en déplaise à quelques candides bisounours. Faute d’une protection assurée efficacement et globalement par tous les moyens politiques, éducatifs et autres, le risque est de voir les hommes s’armer individuellement ou regroupés en milices incontrôlables. La candeur suicidaire ou les pulsions masochistes ne peuvent qu’exciter la soif sanguinaire des possédés du Mal.
Selon les Ecritures, le Mal ne sera vaincu qu’à la Fin des Temps, après un ultime déchainement de crimes, guerres, persécutions, génocides, corruptions, faux prophètes, etc, etc…
D’ici là, une lueur d’espoir, ne serait-ce qu’une goutte d’eau dans le désert : l’effet papillon. La théorie du chaos nous dit » qu’un battement d’aile d’un papillon au Brésil peut provoquer une tempête au Texas ». Corollaire, mais avec un peu de chance, un minime acte de bonté, un simple sourire ici ou ailleurs pourrait produire ailleurs ou ici des flots de bonheur et d’espérance.
Etienne EIMER.
Chers amis, je vous suivre cette longue lettre de mon voisin, qui, si il est prêtre, il est bien de ce monde et, très éduqué et ouvert sur tous les sujets, m’a toujours inspirée… moi qui ai toujours eu du mal avec cette LAICITE très »française » au point de faire passer de mauvais moments aux femmes qui portent le voile. Alors qu’on voit des gens porter une croix au cou dans les bureaux..
Alors insister sur ces caricatures…Je ne sais pas.. Et Frère Marie a de bons arguments…
En Gande-Bretagne où j’habitais avant, les musulmans, les seeks, les indous, les bouddhistes, les catholiques, anglicans, toutes les religions sont fêtées dans les écoles, salles de spectacles, avec apports de statues, de gâteaux (toujours meilleurs que les pâtisseries anglaises!!) et tout le monde se rencontre, se mélange et . apprend à s’apprécier…. et les dames étrangères apprennent à parler la langue du pays… alors, qu’ on porte un voile ou non.; On s’en fout!
Dans toutes les bibliothèques, il y avait des flyers dans toutes les langues, y compris Indi, Pakistanais, mandarin, pour que ces gens puissent savoir quels sont leurs droits, pour la maternité, la médecine etc….
Où en sommes nous ici..???pays d’accueil?