Vous avez été nombreux à réagir à ma dernière publication sur la prévention de la pédophilie. Il s’agissait là, de prendre conscience de nos pensées et, en l’occurrence, de nos mauvaises pensées. Nous allons voir maintenant comment mettre en place cette lutte pour en sortir victorieux.

Tout d’abord, nous avons à accueillir ce qui sort de notre cœur : bonnes ou mauvaises pensées, bonnes ou mauvaises émotions. Il est, me semble-t-il, important de s’arrêter pour regarder ce qui survient de notre intime.

Quand il s’agit de pensées, émotions, sentiments négatifs, nous devons les regarder en face, en toute vérité.  C’est surprenant et humiliant de découvrir ce qui peut venir de notre intérieur. Parfois, il faut du temps pour être capable de s’en rendre compte et pour aimer doucement notre misère. Il ne s’agit pas là de cautionner notre côté obscur et de le laisser proliférer. Mais de l’accueillir avec douceur pour mieux le gérer, sans culpabilité, ni tristesse, ni colère envers soi.

En ce qui me concerne, je suis colérique par nature. Et mes colères intempestives avaient tendance à terroriser les autres. Il m’a fallu des années de vie monastique pour prendre la mesure de ce trait de personnalité et arriver à l’accepter pour peu à peu me corriger par l’apprentissage de la douceur. Autrement dit, nous pouvons vivre dans le déni de nos travers et ce pendant longtemps, car nous ne sommes pas en mesure de regarder le côté obscur de nous-même.

Lorsque nous le regardons, nous risquons de culpabiliser, de nous rabaisser, d’avoir une mauvaise image de soi. Mais, nous ne sommes pas réduits à la partie sombre de nous-même. Nous « valons » bien plus que ce handicap.

Combien ceci me semble important de ne pas nous réduire à nos côtés tortueux et torturants. La vérité : oui, mais sans la culpabilité. Tant que nous sommes dans le déni nous ne pouvons pas nous corriger et c’est ainsi que nous faisons souffrir les autres.

Mauvaises pensées et émotions ne sont pas « passage à l’acte ». Par exemple, une bouffée de colère qui reste intérieure n’est pas dommageable pour l’entourage. Elle n’a donc pas à être niée. Mais elle n’a pas non plus à être entretenue par des raisonnements quels qu’ils soient.

Lors de mon entrée au monastère un vieux moine me disait à ce sujet : « Certaines pensées sont à rejeter tout de suite sinon elles font des petits et nous envahissent. C’est le cas notamment des pensées de luxure. En ce qui concerne la vaine gloire, les honneurs rêvés nous pouvons en rire et ces pensées disparaissent. » D’autres méritent qu’on les ignore. Elles perdent ainsi de leur force. D’autres encore sont à chasser par des pensées belles, bonnes et vertueuses, « et si par malheur il nous arrive de tomber, on demande pardon et on se relève le plus vite possible ». Voilà une perle qui m’a aidé dans ma vie monastique. En effet, la vie monastique est entre autre « une lutte contre les mauvaises pensées ».

Je crois que cette « chasse aux mauvaises pensées » est d’actualité en cette période de confinement. En effet, certaines informations sont alarmantes. C’est le cas avec le nombre de « violences conjugales » qui ont augmenté de plus de 30% ou encore avec les sites pornographiques qui atteignent des sommets de visites. Notons également que les ventes d’alcool « dit fort » explosent. Et cette liste est loin d’être exhaustive.

Alors faisons la promotion de la lutte contre les mauvaises pensées. Le vivre ensemble sera favorisé !