A l’issue de la conférence du 23 février 2017, à Saint Gély du Fesc, « Le lieu de travail : enfer ou paradis ? », animée par Frère Marie Pâques,
Pause Culture nous propose l’article suivant :
L’enseignement du coach
Notre lieu habituel était effectivement trop petit pour accueillir la très nombreuse assistance venue suivre la conférence de Frère Marie Pâques, personnage hors du commun, prêtre et moine cistercien, ancien chef d’entreprise à l’Abbaye de Lérins, assumant aujourd’hui plutôt une fonction pédagogique et un rôle de coach aidant à construire un monde meilleur, à commencer par le monde du travail. En une dizaine d’années, de nombreux dirigeants ont ainsi pu bénéficier de ses conseils.
Reprenant les thèmes de son ouvrage « En quête de sens » (2012), il est parti d’une interrogation préalable : pour quoi sommes-nous faits ?
Pour le bonheur et le bonheur ensemble, même si la société actuelle ne nous introduit pas nécessairement dans une démarche heureuse ou dans l’enchantement du vivre ensemble. Pour lui, nous sommes faits pour prendre notre destin en main, pour développer nos talents et compétences, notamment dans le travail.
Pour être heureux, il faut avoir une bonne image de soi, mais on a aussi besoin d’être reconnu : la confiance des autres aide à nous construire.
Le lieu de travail ouvre-t-il à tout cela ? L’entreprise est-elle le lieu du vivre ensemble, un lieu de fraternité possible ?
Notre conférencier a rappelé que le lieu de travail peut être lieu de souffrance et de mal être, du fait de relations toxiques impliquant hiérarchie, collaborateurs, collègues. Les pathologies au travail ont été brièvement évoquées : l’épuisement professionnel (burn out) tout comme l’ennui permanent (brown out) à partir du moment où le salarié ne comprend pas le sens de son travail (cf les « jobs à la con » de l’anthropologue américain D. Groeber). Ajoutons les faits relayés par les médias : harcèlement, mise au placard, patrons voyous, suicides. Il aurait fallu sans doute évoquer plus fermement aussi les licenciements « boursiers », les rémunérations indécentes et les écarts salariaux insupportables, les retraites chapeau, les délocalisations sauvages …
Alors, que faut-il faire et mettre en place quand notre orateur concède que « manager des moines, c’est déjà compliqué » et renvoie à la sagesse de management de la Règle de Saint-Benoît ?
Nécessité absolue de mettre en place une Charte de Vie où tout est fait pour prendre soin des plus fragiles, sous réserve d’accorder le dire et le faire, d’avoir une direction elle-même exemplaire, et de créer un climat de confiance en cherchant le bien de l’autre. C’est mettre l’amour au cœur de tout … ce qui suppose sans doute aussi de changer soi-même. Pour Frère Marie Pâques, désormais on demande aux dirigeants, certes des compétences, mais surtout des qualités humaines. Le leader de demain doit être bienveillant, savoir où il va avec les autres. Alors peut-être que l’entreprise sera l’antichambre du paradis.
Cet exposé mené avec conviction débouchait tout naturellement sur un débat qui, pour être rapide, n’en fut pas moins passionné. Parler d’entreprise, de création et de partage de richesses, de profit et de rentabilité ne peut être neutre ou naïf. Le tissu d’entreprise est extrêmement contrasté et divers (taille, secteurs d’activité, statut, origine des capitaux …). L’Homme ne doit pas être une variable d’ajustement car c’est bien lui le créateur de richesse a souligné un intervenant.
Merci à notre orateur pour cet exposé passionnant et passionné ayant permis un échange fructueux et musclé d’idées et de convictions !
A l’issue de cette conférence, nous eûmes droit à un somptueux et surabondant buffet offert par la Famille Lopez (Intermarché) renforçant le sens positif de cette soirée. Merci pour leur forte implication !
Le mot de Frère Marie Pâques :
« Je souhaite insister sur le fait que l’Homme doit figurer au cœur de toutes les attentions. Nous devons apprendre à aimer nos collaborateurs et collègues ; les aimer, c’est en prendre soin, se mettre à leur service et plus encore.
En entreprise, sur notre lieu de travail, prenons soin les uns des autres et nous passerons dans l’antichambre du paradis ! »
L’enfer et le paradis du point de vue de la psychologie positive.
En se protégeant de l’enfer qui est en soi on se coupe du paradis qui y est aussi – Abraham Maslow (grand père de la psychologie positive).
Il est possible de faire un parallèle entre cette vision de l’humaniste Maslow qui n’a pas œuvré que sur sa fameuse pyramide, et de travailler déjà à accepter toutes nos émotions pour les transcender ensuite…